« Je te forwarde le feedback du client pour updater le pitch avant le call »
Selon Wikipédia « En sciences du langage, le mot jargon désigne un parler propre aux représentants d'une profession ou d'une activité (…) Contrairement à (…) l'argot, le but premier du jargon n'est pas d'exclure tout étranger au groupe par un langage crypté. Le non-initié risque de ne pas comprendre le jargon, mais celui-ci ne s'est pas développé dans ce but. Le jargon a principalement des fonctions techniques et identitaires. »
Aujourd’hui, mondialisation oblige, le jargon professionnel s’inspire très majoritairement de l’anglais. Et si la plupart des mots ont bel et bien une traduction, il paraît parfois plus pratique, plus rapide et plus efficace d’employer le jargon (« leverager », « profit & loss », « branding», « success story », etc.) au risque de passer pour le nouveau Mr Spock.
Les Echos ont recensé quelques perles du langage professionnel, parmi les plus courantes actuellement. Si celle qui constitue le titre de cet article paraît compréhensible pour tout actif lambda, certaines semblent plus obscures : « L'ERP a été dégradé sur cette mission et on aura moins de fees. Il faudrait donc que vous chargiez moins dans GT&E et que vous restiez collés au staffing de retain. Sinon on ne targetera pas le budget de fiscaly year 2010 ».
Mais, le jargon peut également revêtir une forme qui, au premier coup d’œil, semble tout à fait familière, pour aboutir pourtant à la même incompréhension. Philippe Meyer cite, dans « Le futur ne manque pas d’avenir – Chroniques 2 », la lettre envoyée à un chef d’entreprise par un « communicateur », dont voici quelques extraits :
« La vitesse à engager l’avenir sur la différence crée l’avantage inédit. L’acuité et la réactivité dépendent pour beaucoup des façons de lire les dires et de poser des regards sur les faits. Ces façons constituent la quintessence de l’immatériel. (…).
La somme des nécessaires savoirs sectoriels ne suffit plus à la résonance qu’impose la transversalité des solutions à concevoir. (…)
Des dires au faire, il y a votre intuition, et votre appréciation de nos capacités. »
Réponse du chef d’entreprise : « Monsieur, si des idées au faire il y a une intuition, vous n’êtes pas, laissez-moi vous le dire, prêt de faire »…
Encore un communicant qui a raté l’occasion de « fiter dans le moule » de son client…
Enfin, pour conclure, une enquête récente a dévoilé que 75% des élèves américains pensent qu’il est acceptable de placer « LOL » dans un devoir…
Et dans une présentation Power Point ? Vous avez déjà essayé ?
(Sources : Illustration 1 = « Plain English Campaign » ; Illustration 2 : « When jargon turns to babble »).
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